Source: Info tirĂ©e de la prĂ©sentation du Dr Kevin Jao, « Le cancer du poumon : d’hier Ă  aujourd’hui » COVID-19 : briser la 4 e vague avec une 3 e dose Alors que le variant Omicron fait trembler la planĂšte, QuĂ©bec ouvre la vaccination pour une 3e dose Ă  certaines clientĂšles, notamment les travailleurs de la santĂ©, les femmes
Ce texte est un sommaire de l’article Past and present come together as Brescia marks 100 years of women’s education ».Pendant son long trajet Ă  pied entre l’école et la maison, Ă  London, en Ontario, Mary Frances Dorschell pense souvent Ă  Dieu ses parents sont catholiques pratiquants et Ă  ce qu’elle fera de sa vie. Elle n’est pas sortie de l’adolescence quand elle choisit de devenir religieuse. L’annĂ©e suivante, sa famille dĂ©mĂ©nage Ă  Windsor, en Ontario, oĂč Mary Frances entre Ă  la Holy Names Catholic High School. Les sƓurs sont gentilles et la jeune fille les aime bien, mais elle ne sent pas tout Ă  fait Ă  sa place parmi l’ñge de seize ans, elle dĂ©cide donc d’essayer la seule autre Ă©cole secondaire catholique pour filles de Windsor. Cette Ă©cole est dirigĂ©e par une autre congrĂ©gation, celle des Ursulines, et Mary Frances se dit qu’elle la frĂ©quentera pendant un an avant d’entrer au couvent. Mais selon elle, Dieu a d’autres plans. Quand j’ai dĂ©couvert les Ursulines et ce qu’elles faisaient, j’ai eu le coup de foudre. »C’est ainsi qu’elle se remĂ©more, 50 ans plus tard, la rĂ©vĂ©lation qui s’est transformĂ©e en engagement d’une vie envers l’ordre des Ursulines et sa mission fondamentale d’éduquer les femmes et de favoriser leur autonomie. Cette mission l’a menĂ©e au CollĂšge universitaire Brescia de London, d’abord comme Ă©tudiante, puis comme enseignante Ă  partir de 1982. Au moment de son dĂ©part en juillet 2018, elle Ă©tait la derniĂšre Ursuline Ă  rĂ©sider Ă  l’ Ă  l’UniversitĂ© Western Ontario, le CollĂšge Brescia occupe une place unique au Canada. Il s’agit en effet de la seule universitĂ© pour femmes au pays. Le CollĂšge cĂ©lĂšbre cette annĂ©e son 100e anniversaire, ce qui le place parmi les plus vieux Ă©tablissements exclusivement fĂ©minins en AmĂ©rique du Canada comme aux États-Unis, les collĂšges pour femmes se sont largement tournĂ©s vers la mixitĂ©. Chez nos voisins du Sud, leur nombre est passĂ© de 230 dans les annĂ©es 1960 Ă  environ 35 aujourd’hui. Chez nous, l’UniversitĂ© Mount Saint Vincent d’Halifax a admis ses premiers Ă©tudiants masculins en 1967, et le CollĂšge Ewart de l’UniversitĂ© de Toronto a ouvert ses portes aux hommes dans les annĂ©es 1970, avant de fusionner avec le CollĂšge Knox en parcours des UrsulinesLorsque l’ambitieuse dirigeante de la communautĂ© des Ursulines de la rĂ©gion, mĂšre Clare Gaukler, a fondĂ© le CollĂšge en 1919, elle suivait le chemin tracĂ© par la fondatrice de l’ordre, sainte AngĂšle MĂ©rici qui, au XVIe siĂšcle a eu une rĂ©vĂ©lation elle devait Ă©tablir une communautĂ© de femmes qui vivraient de façon indĂ©pendante et consacreraient leur vie Ă  Dieu. C’est ainsi que l’ordre de Sainte-Ursule a vu le jour, Ă  Brescia, en Clare voyait la crĂ©ation d’un collĂšge pour femmes comme le prolongement de ce rĂȘve. Elle a donc fondĂ© ce qui s’est d’abord appelĂ© l’Ursuline College, un Ă©tablissement dirigĂ© par les Ursulines, oĂč les cours Ă©taient donnĂ©s par des sƓurs. Depuis toujours affiliĂ© Ă  l’UniversitĂ© Western Ontario, il est devenu le CollĂšge Brescia en 1963, puis le CollĂšge universitaire Brescia en sƓurs d’Ursuline en 1936 devant l’Ursuline Hall. Toutes les photos sont du CollĂšge Theresa Mahoney est devenue aumĂŽniĂšre au CollĂšge en septembre 1994, les Ursulines y Ă©taient toujours bien prĂ©sentes. Comme elle n’avait aucune formation d’aumĂŽniĂšre, sƓur Theresa a demandĂ© conseil Ă  un collĂšgue basilien de la congrĂ©gation de Saint-Basile, aumĂŽnier Ă  l’UniversitĂ© Western, qui lui a simplement dit que le rĂŽle consistait Ă  se rendre disponible pour les autres. Aujourd’hui Ă  la retraite, elle continue de se rendre disponible. SituĂ© tout prĂšs de la chapelle d’Ursuline Hall, son bureau reprĂ©sente une petite parcelle de l’histoire des au sommet d’une colline et surmontĂ© d’une croix, Ursuline Hall, ce vaste bĂątiment aux allures d’église, tĂ©moigne des racines catholiques du CollĂšge Brescia. La communautĂ© locale des Ursulines, les Ursulines de Chatham, vieillit. SƓur Theresa explique que la plus jeune d’entre elles a 60 ans, et que les Ursulines ne recrutent plus de novices et n’exercent plus de soutiennent plutĂŽt des projets grĂące Ă  des dons et s’emploient Ă  transmettre les enseignements de leur fondatrice, ce que sƓur Theresa considĂšre comme leur mission la plus importante. La survie de notre forme de vie religieuse importe peu en comparaison de la volontĂ© de servir. Aujourd’hui, le monde est grand ouvert pour les femmes. Il y a donc une multitude de façons de servir. Notre rĂŽle Ă©tait peut-ĂȘtre de transmettre ces rĂȘves aux prochaines gĂ©nĂ©rations. »Susan Mumm a elle-mĂȘme portĂ© ce rĂȘve pendant ses trois annĂ©es comme principale du CollĂšge universitaire Brescia. Son bureau est Ă©galement situĂ© Ă  Ursuline Hall, Ă  l’étage au-dessus de celui de sƓur Theresa. Non catholique, cette historienne de formation incarne la nouvelle identitĂ© du CollĂšge. Elle parle avec passion de la place des femmes dans le monde d’aujourd’hui et du rĂŽle de l’établissement dans leur arrivĂ©e au CollĂšge tient aussi de l’histoire d’amour. Il s’agissait d’une occasion unique de me consacrer Ă  ce qui me tient le plus Ă  cƓur l’enseignement supĂ©rieur des femmes. Je ne pouvais pas dire non. ȃmancipation des femmesLa vision sacrĂ©e de sainte AngĂšle MĂ©rici, que partagent toutes les Ursulines, Ă©tait de donner le pouvoir aux femmes de toutes confessions. C’est pourquoi Mme Mumm estime que le CollĂšge Brescia demeure pertinent, mĂȘme si les fidĂšles n’ont jamais Ă©tĂ© aussi peu nombreux dans les Ă©glises. Le CollĂšge a vu le nombre de ses Ă©tudiantes Ă©trangĂšres plus que doubler depuis dix ans, et sa population Ă©tudiante au premier cycle est passĂ©e de 1 300 Ă©tudiantes en 2013 Ă  environ 1 550 aujourd’ la croissance du CollĂšge, certains experts expriment des doutes sur l’employabilitĂ© des diplĂŽmĂ©es d’une universitĂ© rĂ©servĂ©e aux femmes. Ivona Hideg, professeure agrĂ©gĂ©e de commerce et d’économie Ă  l’UniversitĂ© Wilfrid Laurier et chercheuse en diversitĂ© des genres, estime que les Ă©tablissements d’enseignement entiĂšrement fĂ©minins nuisent Ă  l’avancement des femmes Ă  long terme. Elle craint que ceux-ci entretiennent les idĂ©es reçues voulant qu’il existe des diffĂ©rences fondamentales dans la façon de travailler des hommes et des femmes et dans leurs capacitĂ©s innĂ©es. » Elle en tient pour preuve les cours que tendent Ă  offrir ces universitĂ©s comme la plupart des Ă©tablissements rĂ©servĂ©s aux femmes, le CollĂšge Brescia se consacre aux arts libĂ©raux. On perpĂ©tue ainsi les stĂ©rĂ©otypes voulant que les femmes soient faites pour ça. »Susan Mumm avec des Ă©tudiants du CollĂšge que Mme Mumm soutienne que le CollĂšge Brescia n’est pas un Ă©tablissement enseignant uniquement les arts libĂ©raux, elle reconnaĂźt que les programmes de celui-ci sont principalement axĂ©s sur des domaines dĂ©jĂ  dominĂ©s par les femmes, bien que les Ă©tudiantes s’intĂ©ressent de plus en plus aux diplĂŽmes professionnels. Elle croit nĂ©anmoins que l’UniversitĂ© offre davantage qu’un diplĂŽme elle permet aussi de s’exprimer. Elle ne croit pas pour autant en l’existence de diffĂ©rences fondamentales entre les hommes et les femmes. Elle a simplement vu la diffĂ©rence entre les salles de classe mixtes et celles du CollĂšge universitaire Brescia. MĂȘme si les universitĂ©s comptent plus d’étudiantes que jamais auparavant, elles n’offrent pas forcĂ©ment des environnements favorables aux femmes », dit-elle. Elle se souvient clairement qu’à l’époque oĂč elle donnait des exposĂ©s comme confĂ©renciĂšre Ă  une autre universitĂ©, elle avait remarquĂ© le dĂ©sĂ©quilibre des voix dominantes dans la Mme Hideg, Mme Mumm se prĂ©occupe du sort des femmes sur le marchĂ© du travail. Mais selon elle, si les universitĂ©s ne peuvent pas changer instantanĂ©ment le monde dans lequel on vit, elles peuvent aider les Ă©tudiants Ă  Ă©voluer. Je ne crois pas que nous isolions les femmes de façon artificielle. Nous leur donnons simplement quatre ans pour se prĂ©parer Ă  faire face Ă  un monde qui ne leur fera pas de cadeaux. »Un sentiment d’appartenanceErica DeFrancisco, une Ă©tudiante de 21 ans au CollĂšge universitaire Brescia, a Ă©tĂ© particuliĂšrement frappĂ©e par le sentiment d’appartenance sur le campus. À son arrivĂ©e il y a quatre ans, comme sƓur Mary Frances, elle a eu le coup de foudre. Le campus et la taille rĂ©duite des groupes lui plaisaient, mais elle avoue avoir d’abord hĂ©sitĂ© Ă  frĂ©quenter une universitĂ© exclusivement fĂ©minine. Je ne savais pas Ă  quoi m’attendre. Je pensais que le fait de rĂ©unir autant de filles entre elles pourrait entraĂźner certains psychodrames. » Mais aujourd’hui, Mme DeFrancisco se dit convaincue que cette dĂ©cision est la meilleure de sa vie. Toutes mes idĂ©es prĂ©conçues se sont envolĂ©es au bout de deux semaines de cours. »Raine Williams, une Ă©tudiante jamaĂŻcaine de 20 ans, Ă©prouvait les mĂȘmes apprĂ©hensions concernant le fait de cĂŽtoyer moins de garçons sur le campus. Mais en y repensant bien, je trouve que ça m’aide Ă  participer davantage aux cours. J’ai l’occasion de m’exprimer et de me faire entendre. »Pour Mme Mumm, il est Ă©vident que le monde et le CollĂšge Brescia ont beaucoup changĂ©. Mais malgrĂ© la disparition progressive de la dimension religieuse de l’établissement, elle croit que tous ceux qui y travaillent comprennent l’Ɠuvre des Ursulines et la soutiennent. Les Ursulines nous ont transmis leur mission. La congrĂ©gation a Ă©tĂ© créée pour Ă©duquer les femmes et les jeunes filles. Tant que nous continuerons de le faire, nous serons des Ursulines, mĂȘme s’il ne reste plus une seule religieuse Ă  100 km Ă  la ronde. » 40mĂ©taphores et propositions d’hier et d’aujourd’hui pour le manager. GrĂące au JDN, chers lecteurs, vous pouvez suivre quotidiennement l’actualitĂ© Ă©conomique et financiĂšre et la vie

Ce reporticle est extrait d’un Bulletin de la Classe des Beaux-Arts de l’AcadĂ©mie royale de Belgique 2007, 6e sĂ©rie, T. 18, p. 316-372.Pour le plus grand nombre des amateurs de musique – ceux qui aiment Bach, Mozart ou Beethoven – le terme musique moderne » est synonyme de musique incomprĂ©hensible et perturbante » que l’on tolĂšre au concert entre une symphonie classique et un concerto romantique, mais qui est rarement la bienvenu. En a-t-il toujours Ă©tĂ© de mĂȘme dans le passĂ© ? Nous savons que l’histoire de la musique ne s’est pas dĂ©roulĂ©e comme un long fleuve tranquille et qu’elle a connu des dĂ©bats et des crises. Mais ces crises ont-elles Ă©tĂ© de mĂȘme nature que celle que nous connaissons aujourd’hui ? Sachant que le renouvellement de la forme et des contenus de la musique Ă  un rythme plus ou moins rapide est une constante dans toutes les sociĂ©tĂ©s, je voudrais tenter de comprendre comment certaines musiques nouvelles ont Ă©tĂ© perçues comme modernes », c’est-Ă -dire non comme le prolongement naturel du passĂ©, mais comme une rupture de Vitry, Almisonis – Rosa ». Motet Ă  trois voix du Codex d’ diffĂ©rence essentielle entre la musique d’aujourd’hui et les musiques du passĂ©, c’est qu’aujourd’hui la musique veut n’ĂȘtre Ă©coutĂ©e que pour elle-mĂȘme, veut ĂȘtre dĂ©gagĂ©e de toute contingence sociale, veut ĂȘtre un art pur, tandis que les musiques du passĂ© ont longtemps acceptĂ© de se subordonner Ă  d’autres activitĂ©s, de n’ĂȘtre qu’un support d’autre chose faire marcher, faire danser, divertir, Ă©mouvoir, aider les fidĂšles Ă  s’unir dans la priĂšre, cĂ©lĂ©brer plus intensĂ©ment les joies et les douleurs, les espĂ©rances et les certitudes de leur communautĂ© spirituelle. FonctionnalitĂ© d’un cĂŽtĂ©, puretĂ© et formalisme de l’autre, est-ce cela qui fait la diffĂ©rence ? Pas entiĂšrement, car les musiques fonctionnelles ne sont jamais vierges de prĂ©occupations esthĂ©tiques et ces prĂ©occupations peuvent entraĂźner des transformations formelles, susceptibles de perturber la fonctionnalitĂ©. Par ailleurs, les musiques dites pures ne sont pas seulement formelles, elles recĂšlent toujours une part d’ premiĂšre trace d’une protestation Ă  l’égard d’une musique moderne remonte au XIVe siĂšcle. Elle se place dans le contexte d’une musique destinĂ©e Ă  l’église, musique fonctionnelle s’il en est. Longtemps transmise de maniĂšre orale la musique liturgique n’a Ă©tĂ© notĂ©e qu’à partir du VIIIe siĂšcle ; les livres qui l’ont transcrite ont Ă©tĂ© considĂ©rĂ©s dĂšs lors comme les dĂ©positaires de la parole divine. Comme le rĂ©pertoire sacrĂ© ne pouvait ĂȘtre modifiĂ©, on s’est attachĂ© Ă  l’orner et Ă  l’amplifier en superposant une mĂ©lodie grĂ©gorienne d’origine les mĂ©lismes de la phrase finale d’un alleluia, particuliĂšrement deux ou trois voix nouvelles Ă©tablies selon les rĂšgles du contrepoint naissant et dotĂ©es de textes diffĂ©rents. Des prĂ©occupations esthĂ©tiques sont ainsi intervenues au sein mĂȘme du chant environs de 1320 un traitĂ© manuscrit, rĂ©digĂ© par un musicien du nom de Philippe de Vitry, a connu une assez large diffusion. Sous le nom d’Ars nova, il proposait une nouvelle maniĂšre d’écrire la durĂ©e des notes il introduisait des valeurs plus courtes que celles qui Ă©taient en usage jusque lĂ  et il faisait admettre la lĂ©gitimitĂ© d’une division binaire des mesures Ă  cĂŽtĂ© des traditionnelles mesures Moyen Âge le terme ars ne renvoie pas Ă  une esthĂ©tique mais Ă  une technique. Cependant, cette notation nouvelle, exposĂ©e parallĂšlement par d’autres thĂ©oriciens, rĂ©pondait Ă  des besoins expressifs qui s’étaient manifestĂ©s dans diverses Ɠuvres de maniĂšre confuse un quart de siĂšcle avant sa codification. Elle permettait le dĂ©veloppement d’une musique renouvelĂ©e dans l’esprit et se caractĂ©risait par une grande subtilitĂ© rythmique et un goĂ»t marquĂ© pour les dissonances. Cette musique nouvelle ne s’adressait plus seulement aux moines dans les abbayes mais Ă  une aristocratie de cour qui avait adoptĂ© la polyphonie pour ses divertissements profanes et qui imposait ses goĂ»ts raffinĂ©s jusque dans l’ ce qui explique la condamnation qu’en a faite le pape Jean XXII dans une dĂ©crĂ©tale de 1325, oĂč il a rappelĂ© fermement que la musique dans l’église ne pouvait dĂ©tourner le fidĂšle de sa dĂ©votion. Les pratiques nouvelles avaient ainsi fait prendre conscience aux premiers destinataires des dangers d’une valorisation de la musique pour elle-mĂȘme au dĂ©triment de sa mission fonctionnelle. La polyphonie qui Ă©tait nĂ©e dans l’église a pourtant continuĂ© Ă  s’y dĂ©velopper, avec des alternances de complexitĂ© et de simplicitĂ© relative. Elle a certes servi de culte, mais elle en a Ă©tĂ© un ornement somptueux qui devait aussi montrer la gloire du prince et la gloire de l’Eglise elle-mĂȘme. Celle-ci a non seulement permis mais le plus souvent encouragĂ© le dĂ©cor sonore esthĂ©tique qu’apportaient les motets et les messes des grands thĂ©oriciens du XVe siĂšcle, Jean Tinctoris, compositeur brabançon qui a vĂ©cu Ă  Naples, aprĂšs avoir Ă©crit la musique rend plus belles les louanges Ă  Dieu », a dit aussi qu’elle donne la gloire Ă  ceux qui en sont experts », c’est Ă  dire aux compositeurs ; c’est donc que dĂšs ce moment, une place importante Ă©tait accordĂ©e Ă  l’individualisme crĂ©ateur dans la musique. En fait de crĂ©ation musicale les hommes de ce temps ne connaissaient que la musique qui leur Ă©tait contemporaine ou celle d’un passĂ© rĂ©cent. Tinctoris ne connaissait rien de Guillaume de Machaut, de Landino ou de Ciconia. Vers 1480 il Ă©crivait que c’était Guillaume Dufay, mort une vingtaine d’annĂ©es auparavant, qui avait fait sortir la musique du dĂ©sordre et de l’incohĂ©rence et qu’un art vĂ©ritable et de qualitĂ© n’existait que depuis Jean Ockeghem Ă  la gĂ©nĂ©ration la pratique quotidienne, on relĂ©guait sans cesse dans l’oubli ce qui Ă©tait passĂ© de mode ; de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration on corrigeait le point de dĂ©part, en ramenant chaque fois le dĂ©but de la renaissance Ă  une distance chronologique que l’on maĂźtrisait par la mĂ©moire. On choisissait un musicien dont les Ɠuvres n’étaient plus guĂšre chantĂ©es mais qui avait Ă©tĂ© cĂ©lĂ©brĂ© antĂ©rieurement et dont le nom Ă©tait encore connu. Le musicien auquel on attribuait le mĂ©rite de la renaissance de la musique aprĂšs un passĂ© obscur variait donc aprĂšs Dufay, Ockeghem a tenu sa place ; l’ars perfecta a ensuite Ă©tĂ© reprĂ©sentĂ©e par Josquin Deprez, puis par Adrien Willaert, puis par Palestrina et Roland de Lassus. Caccini, Amarilli mia d’un dĂ©veloppement naturel de la musique est implicite dans la pensĂ©e des XVe et XVIe siĂšcles aprĂšs une Ă©poque trĂšs faste, mais trĂšs lointaine, un Ăąge d’or qui peut ĂȘtre situĂ© dans l’AntiquitĂ© des philosophes ou des PĂšres de l’Eglise, la musique est entrĂ©e dans une longue pĂ©riode de dĂ©cadence, disait-on ; elle y a Ă©tĂ© maintenue jusqu’à ce qu’un maĂźtre exceptionnel la tire de ses tĂ©nĂšbres et la fasse renaĂźtre ; on atteint la maturitĂ© Ă  la gĂ©nĂ©ration suivante grĂące Ă  un autre maĂźtre, plus grand que le premier, qui mĂšne l’art Ă  sa perfection et qui est pris pour modĂšle par d’autres artistes ; mais dĂ©jĂ , on s’inquiĂšte, car des musiciens modernes » proposent de nouvelles maniĂšres d’écrire menaçant de mettre Ă  mal la perfection qui avait Ă©tĂ© atteinte. Dans l’ignorance oĂč l’on Ă©tait de la musique de plus d’un demi-siĂšcle, les thĂ©oriciens et pĂ©dagogues ont ainsi tracĂ© pas Ă  pas l’évolution d’une musique qui se transformait tout en restant fidĂšle Ă  certains principes XVe et XVIe siĂšcles, un mĂȘme type d’écriture, la polyphonie, s’était imposĂ©e dans tous les genres profanes et sacrĂ©s. Sans doute, celle-ci avait-elle connu des variantes, mais l’écriture contrapuntique Ă  la base de toute crĂ©ation, avait assez de souplesse pour permettre Ă  des tendances hĂ©tĂ©rogĂšnes de se manifester, particuliĂšrement dans le domaine la fin du XVIe siĂšcle cependant, les principes mĂȘmes de la crĂ©ation polyphonique ont Ă©tĂ© suspectĂ©s. Les critiques les plus vives au contrepoint ont Ă©tĂ© formulĂ©es dans des milieux humanistes italiens qui allaient puiser leurs arguments dans le mythe d’une musique grecque antique qu’ils ne connaissaient que par les Ă©crits des philosophes. Pour traduire les sentiments avec intensitĂ©, pour pĂ©nĂ©trer l’ñme des auditeurs, la musique devait, plaidaient-ils, renoncer Ă  la polyphonie et recourir Ă  la simple monocodie accompagnĂ©e d’instruments. En fait, au sein mĂȘme de la technique du contrepoint, une des tendances de l’évolution avait dĂ©jĂ  simplifiĂ© progressivement le contrepoint et centrĂ© l’attention de l’auditeur sur une voix en solo, les autres parties Ă©tant ramenĂ©es Ă  des accords de soutien ; la voix en solo pouvait, en effet, atteindre une vĂ©ritĂ© plus intense dans l’ stile nuovo » a permis la naissance de l’opĂ©ra, un genre oĂč ont Ă©tĂ© exploitĂ©s toutes ses possibilitĂ©s expressives, car il permettait de faire ressentir les passions dans toute leur violence et leur diversitĂ©. Cependant, il ne s’est pas bornĂ© Ă  la forme exaspĂ©rĂ©e de l’opposition au contrepoint qu’était le rĂ©citatif totalement asservi au texte. En devenant musique baroque » il a conservĂ© des Ă©lĂ©ments stylistiques qui provenaient de l’époque prĂ©cĂ©dente, mais les a renouvelĂ©s et vivifiĂ©s ; il s’est progressivement enrichi et est devenu vĂ©ritablement une autre musique, profondĂ©ment diffĂ©rente de celle de la Renaissance par son allure mĂ©lodique, son rythme, ses principes harmoniques. Il s’est consolidĂ© en Ă©tablissant au fil des Ɠuvres le systĂšme tonal dont Jean-Philippe Rameau allait thĂ©oriser les principes dans son TraitĂ© de l’harmonie rĂ©duite Ă  ses principes naturels en XVIIe et au XVIIIe siĂšcle la crĂ©ation musicale est restĂ©e essentiellement fonctionnelle il y avait une musique pour l’église, une musique pour l’intimitĂ© la musique de chambre et dĂ©sormais une musique proposĂ©e Ă  un public qui payait sa place l’opĂ©ra et bientĂŽt le concert ; ces diffĂ©rents rĂŽles entraĂźnaient une diversitĂ© d’écriture. Le compositeur travaillait pour un commanditaire, un patron, et veillait Ă  rĂ©pondre Ă  ses attentes. Son apprentissage reposait sur l’imitation des Ɠuvres qui lui Ă©taient proposĂ©es comme modĂšles ; c’est ainsi qu’il apprenait toutes les rĂšgles de la composition, le contrepoint et la basse continue, les procĂ©dĂ©s rhĂ©toriques de reprĂ©sentation des Ă©motions, les formes et, par une pratique personnelle, le bon usage des instruments et de la Bach, Adagio du Concerto en rĂ© mineur d’aprĂšs A. de l’apprentissage, l’imitation et parfois le dĂ©calque d’Ɠuvres existantes Ă©taient considĂ©rĂ©s comme un procĂ©dĂ© lĂ©gitime de composition, pour autant que l’Ɠuvre nouvelle soit jugĂ©e bonne, c’est-Ă -dire soit Ă  la fois proche de ses modĂšles, et quelque peu diffĂ©rente. On a pu ironiser sur les centaines de concertos de Vivaldi et de ses contemporains conçus sur un mĂȘme modĂšle, inventifs chez certains, stĂ©rĂ©otypĂ©s chez beaucoup d’autres. Cette banalisation de la crĂ©ation n’empĂȘchait pas l’artiste de mettre parfois les rĂšgles en question, mais c’est en oeuvrant qu’il arrivait Ă  le faire, comme entraĂźnĂ© par une dialectique interne. Bach lui-mĂȘme est souvent parti dans ses compositions d’Ɠuvres prĂ©existantes Ă©crites par d’autres ou par lui-mĂȘme ; il les transformait en les transcrivant. Dans sa musique instrumentale aussi bien que vocale, il recourait constamment Ă  des formules mĂ©lodiques imageantes selon une rhĂ©torique traditionnelle. Les quelques brouillons de lui qui ont Ă©tĂ© conservĂ©s montrent qu’il commençait par noter la sĂ©quence mĂ©lodique qui allait servir de base Ă  la composition – dans une fugue, le sujet et le contre-sujet – ainsi que l’emplacement des modulations. En partant de ce qu’il avait intĂ©riorisĂ© des modĂšles qu’il empruntait, selon les cas, Ă  la musique italienne, la musique française ou la tradition allemande, il rĂ©digeait ensuite l’Ɠuvre d’une traite en respectant le plan initial, mais en y introduisant des innovations de dĂ©tail et en y ajoutant des complĂ©ments qui pouvaient ĂȘtre beaucoup de ses contemporains, ce qu’écrivait alors le vieux Bach relevait d’un style dĂ©passĂ© – c’est aujourd’hui que l’on parle de la modernitĂ© permanente de sa musique – tandis que ses fils Carl Philip Emanuel et Johann-Christian contribuaient par leurs Ɠuvre aux changements d’écriture et du goĂ»t. En effet, dans l’évolution gĂ©nĂ©rale, Ă  l’intĂ©rieur d’une esthĂ©tique donnĂ©e apparaissaient pĂ©riodiquement des Ɠuvres qui, au fil des annĂ©es, multipliaient les exceptions aux rĂšgles admises ; ainsi s’élaborait progressivement un style nouveau qui finissait par relĂ©guer dans l’oubli le prĂ©cĂ©dent avec tout son rĂ©pertoire en l’occurrence le style galant allait remplacer le Amadeus Mozart, Menuet » du Quatuor les dissonances’ en ut majeur K. philosophes comme Kant ou Schelling ont alors perçu des changements dans l’état d’esprit de certains artistes ceux-ci rejetaient le principe de l’imitation qui avait prĂ©valu jusque lĂ  dans les arts imitation de la nature, des sentiments, du langage parlĂ© ; une nouvelle catĂ©gorie esthĂ©tique, l’originalitĂ©, a commencĂ© alors Ă  prendre de l’importance. En musique ce nouvel Ă©tat d’esprit s’est marquĂ©, par exemple, chez Mozart lorsqu’il a rompu avec son maĂźtre, l’archevĂȘque de Salzbourg, et qu’il est devenu un musicien indĂ©pendant, gagnant sa vie en jouant ses concertos pour piano dans des concerts payants, en donnant des leçons, en vendant ses Ɠuvres Ă  des Ă©diteurs, en fournissant des opĂ©ras Ă  des directeurs de théùtre. A partir du moment oĂč il a acquis une autonomie sociale, Mozart a libertĂ© la plus grande partie de sa musique de toute fonctionnalitĂ© ; sans rompre avec les formes et les genres traditionnels, il les a amplifiĂ©s, leur adonnĂ© des accents expressifs nouveaux ; l’irruption de l’inattendu au milieu du dĂ©jĂ  connu est chez lui l’essence de l’originalitĂ© ; il composait pour sa propre satisfaction et pour l’admiration des connaisseurs » comme Joseph Haydn Ă  qui il a dĂ©diĂ© six de ses plus beaux de la RĂ©volution française a aussi insufflĂ© un dĂ©sir d’autonomie chez les artistes ; ils y ont souvent Ă©tĂ© contraints, du reste, car en France, et bientĂŽt aussi en Europe, les anciens commanditaires – les Ă©glises, les princes – n’ont plus eu les moyens d’entretenir des musiciens et d’en ĂȘtre les mĂ©cĂšnes. L’autonomie acquise par les artistes les a incitĂ©s Ă  rechercher l’originalitĂ© et celle-ci est bientĂŽt devenue la norme pour la est alors devenu la figure mythique du musicien libĂ©rĂ© de toute entrave sociale, qui ne visait Ă  satisfaire que sa seule conscience d’artiste ; il a rendu son langage de plus en plus complexe ses derniĂšres sonates pour piano et ses derniers quatuors mĂšnent Ă  un monde sonore auquel n’ont accĂ©dĂ© longtemps que de rares Ă©lus. AprĂšs lui, et inspirĂ©s par son exemple, des crĂ©ateurs ont engagĂ© leur musique dans un langage d’une complexitĂ© croissante et ont pris les risques d’une rupture avec un public qui s’élargissait grĂące aux progrĂšs de l’instruction et de la dĂ©mocratie. Mais les nouveaux venus Ă  la culture avaient de la musique une connaissance moins intime que ceux qui par tradition familiale et de longue date, avaient rĂ©guliĂšrement vĂ©cu avec souvent parce que ces amateurs ne trouvaient pas leur plaisir dans les musiques nouvelles qu’ils se sont tournĂ©s vers les musiques du passĂ©. Jusqu’à la fin du XVIIIe siĂšcle encore, la connaissance qu’on avait du passĂ© de la musique Ă©tait restĂ©e trĂšs limitĂ©e. Les premiĂšres histoires gĂ©nĂ©rales expliquaient que la musique avait connu un progrĂšs constant Ă  travers les Ăąges et avait sans cesse gagnĂ© en qualitĂ©. En 1789, dans une des premiĂšres histoires gĂ©nĂ©rales Ă©crites alors, Charles Burney Ă©crivait encore Si nous avons donnĂ© dans ce livre beaucoup d’exemples d’Ɠuvres anciennes, ce n’est pas comme modĂšles de perfection, mais plutĂŽt comme des reliques barbares qui montrent les Ă©garements de l’humanitĂ© qui a pu se contenter d’une mauvaise musique avant d’en entendre de la bonne ».En Angleterre des festival Haendel » consacrĂ©s au Messie ont Ă©tĂ© organisĂ©s chaque annĂ©e dans les principales villes aprĂšs la mort du compositeur. En Allemagne la musique de J. S. Bach qui Ă  sa mort ne correspondait plus au goĂ»t galant alors dominant, a Ă©tĂ© valorisĂ© par un groupe trĂšs restreint d’admirateurs comme le modĂšle d’un art sĂ©rieux et grave qui s’opposait aux frivolitĂ©s contemporaines et ne pouvait ĂȘtre laissĂ© dans l’oubli. Bach et Haendel ont ainsi Ă©tĂ© les premiers piliers d’un musĂ©e de la musique » oĂč ils ont bientĂŽt Ă©tĂ© rejoints par les trois classiques viennois », Haydn, Mozart, Beethoven et un polyphoniste comme Palestrina, qu’on n’avait pas cessĂ© de chanter Ă  l’église mais que dĂ©sormais on allait entendre parfois dans des Concerts historiques. Ce sont les Ɠuvres de ces maĂźtres qui ont fourni le noyau de ce qu’on a appelĂ© la musique classique ». On a jugĂ© alors qu’il Ă©tait faux de croire qu’en se transformant au fil des siĂšcles, la musique avait nĂ©cessairement progressĂ© en qualitĂ© ; on a pensĂ© que des Ɠuvres d’un passĂ© plus ou moins lointain pouvaient apporter Ă  l’auditeur des satisfactions plus grandes que les musiques contemporaines. Au sein de la musique savante, la musique classique » s’est ainsi installĂ©e en opposition Ă  la musique moderne » avec des Ɠuvres qui, fonctionnelles Ă  leur origine, ont Ă©tĂ© Ă©coutĂ©es dĂ©sormais en concert c’est au concert et non Ă  l’église que les cantates et les Passions de Bach ont Ă©tĂ© entendues c’est aussi directement au concert que Beethoven a destinĂ© sa Missa solemnis. Le rĂ©pertoire classique s’est Ă©tendu, d’une part Ă  des musiques antĂ©rieures Ă  Bach, d’autre part Ă  des romantiques comme Schubert, Chopin, Schumann, puis progressivement Ă  des Ɠuvres de compositeurs qui avaient plus profondĂ©ment transformĂ© le langage comme Wagner, Debussy, le Stravinsky de Petrouchka et du Sacre du printemps et qui, pour cette raison, avaient d’abord Ă©tĂ© Ă©tiquetĂ©s comme modernes ».Tous les compositeurs du XIXe siĂšcle n’ont pas eu l’ambition de transformer le langage. Beaucoup ont Ă©crit une musique de bonne ou de moins bonne qualitĂ© qui tenait compte, avec un retard plus ou moins grand, des acquis progressifs dans l’innovation. D’autres encore ont souhaitĂ© satisfaire les goĂ»ts du public le plus large et ont commercialisĂ© leur art. Au XIXe siĂšcle, ce fut le cas notamment pour les virtuoses du piano ou du violon, pour beaucoup de compositeurs d’opĂ©ra et de musique de Stravinsky, Le Sacre du Printemps, Premier Tableau, L’Adoration de la la veille de la premiĂšre guerre mondiale, la modernitĂ© a connu des manifestations Ă©clatantes qui ont provoquĂ© de vĂ©ritables scandales. Le Sacre du printemps de Stravinsky, vite intĂ©grĂ© cependant au patrimoine des chefs-d’Ɠuvre malgrĂ© ses violences rythmiques, et Pierrot lunaire d’Arnold Schoenberg, dĂ©clamĂ© sur la traduction allemande de poĂšmes d’Albert Giraud, Ă©taient apparus comme les crĂ©ations les plus rĂ©volutionnaires qu’on ait jamais connues. A propos de Schoenberg, Claude Debussy, qui avait personnifiĂ© l’audace, avait Ă©crit dans une lettre de 1915 Ă  Stravinsky quelques phrases, inspirĂ©es aussi par le climat de la guerre, qui comptent parmi les plus vĂ©hĂ©mentes contre une musique moderne Il faudra ouvrir les yeux et les oreilles lorsque le bruit nĂ©cessaire du canon laissera la place Ă  d’autres sons
 Il faudra nettoyer le monde de cette mauvaise semence, il faudra tuer ce microbe de la fausse grandeur organisĂ©e, dont nous ne nous sommes pas toujours aperçus qu’elle Ă©tait simplement de la faiblesse. Dans ces derniĂšres annĂ©es, quand j’ai senti les miasmes austroboches s’étendre sur l’art, j’aurais voulu avoir plus d’autoritĂ© pour crier mon inquiĂ©tude, pour avertir des dangers vers lesquels nous courions sans mĂ©fiance » 1 Arnold Schoenberg, Mondestuken », Pierrot lunaire op. la guerre, Ă  l’occasion de l’audition Ă  Paris de Pierrot lunaire, le critique Emile Vuillermoz a bien situĂ© le rĂŽle mythique attribuĂ© Ă  Schoenberg comme parangon de l’avant-garde dans les surenchĂšres de la modernitĂ© Lorsqu’un jeune compositeur, français ou Ă©tranger, manifestait quelque tendance pour un style heurtĂ©, fragmentĂ©, Ăąpre et dissonant, on disait d’un air entendu Il est trĂšs influencĂ© par Schoenberg ». Pour beaucoup d’honnĂȘtes gens, la course Ă  la dissonance se contrĂŽlait de la façon suivante Wagner, jadis grand champion, s’était laissĂ© dĂ©passer par Debussy ; Debussy avait Ă©tĂ© distancĂ© par Ravel ; Ravel avait Ă©tĂ© semĂ© » par Stravinsky ; et au-delĂ  de Stravinsky, trĂšs loin, lĂ -bas, dans la direction du Prater, galopait Ă©perdument ce coureur fantĂŽme Arnold Schoenberg » 2. Cependant, dĂšs ce moment, Schoenberg avait jugĂ© qu’aprĂšs le chromatisme wagnĂ©rien de Tristan et Isolde, la multiplication de modulations vagabondes auxquelles recouraient beaucoup de compositeurs avait rĂ©duit Ă  l’inefficacitĂ© les vertus d’articulation et d’unification du langage tonal et que celui-ci, dĂšs lors, avait fini de jouer son rĂŽle historique il l’a remplacĂ© par une mĂ©thode de composition basĂ©e dans chaque Ɠuvre sur l’organisation systĂ©matique des douze sons de l’échelle chromatique, sans aucune prĂ©dominance Boulez, III. L’artisanat furieux », Le marteau sans Europe occidentale, en France, en particulier, Schoenberg a toujours Ă©tĂ© considĂ©rĂ© comme un musicien d’avant-garde mais, en mĂȘme temps, comme un musicien de laboratoire ». Dans l’entre-deux-guerres, le nĂ©o-classicisme de Stravinsky a dominĂ© la musique contemporaine. Mais, aprĂšs 1945, ce nĂ©o-classicisme a Ă©tĂ© la premiĂšre cible d’une nouvelle gĂ©nĂ©ration avec Pierre Boulez Ă  sa tĂȘte. Ces musiciens ont rĂ©pudiĂ© les structures tonales et ont adoptĂ© l’écriture sĂ©rielle, d’abord appelĂ©e dodĂ©caphonique », en prenant comme point de dĂ©part non Schoenberg mais son disciple viennois Anton von Webern, dont la musique, dĂ©pourvue de toute rhĂ©torique traditionnelle, Ă©tait jugĂ©e plus adĂ©quate Ă  l’innovation dans la rigueur. Par des rencontres aux cours d’étĂ© de Darmstadt, oĂč pendant quelques annĂ©es de jeunes musiciens de tous les pays ont rivalisĂ© d’audace dans leurs crĂ©ations, et aussi grĂące aux festivals et concerts spĂ©cialisĂ©s qui ont Ă©tĂ© créés Ă  travers l’Europe, une vĂ©ritable internationale de l’avant-garde s’est alors musiciens ont affichĂ© leur mĂ©pris pour les compositeurs qui perpĂ©tuaient de quelque maniĂšre l’usage du systĂšme tonal aprĂšs Stravinsky, ils ont bientĂŽt condamnĂ© Bartok et mĂȘme Alban Berg et Schoenberg, trop liĂ©s au passĂ© Ă  leurs yeux, tandis que leurs adversaires proclamaient que la pensĂ©e sĂ©rielle, en nĂ©gligeant les universaux psychologiques fournis par la nature, renonçait Ă  toute communicabilitĂ©. Les musiciens sĂ©riels ont voulu crĂ©er un style collectif rigoureusement dĂ©terminĂ© par une logique interne. Ils ont cherchĂ© l’appui dans l’électro-acoustique pour crĂ©er des sons nouveaux et, plus tard, dans l’informatique pour Ă©laborer des schĂ©mas de composition rigoureusement rationnels qu’il n’y avait plus qu’à traduire ensuite en matiĂšre sonore. Pendant une quinzaine d’annĂ©es, le radicalisme le plus intransigeant a prĂ©valu. D’abord solidaires, les chefs de file du sĂ©rialisme, Pierre Boulez en France, Karlheinz Stockhausen en Allemagne, Luigi Nono en Italie, Henri Pousseur en Belgique, ont ensuite poursuivi leurs dĂ©marches crĂ©atrices personnelles en Ă©vitant le plus souvent les piĂšges de la surdĂ©termination et ceux de l’alĂ©atoire ou du n’importe DeliĂšge a consacrĂ© rĂ©cemment un gros livre Ă  Cinquante ans de modernitĂ© musicale » dans la deuxiĂšme moitiĂ© du XXe siĂšcle 3, c’est-Ă -dire de l’avĂšnement du sĂ©rialisme Ă  son Ă©clatement dans des chemins qui s’entremĂȘlent, Ă  ses prolongements chez de nombreux compositeurs et Ă  ses reniements. A lire cet ouvrage, on constate que, contrairement Ă  ce qu’avaient espĂ©rĂ© ses initiateurs, le sĂ©rialisme ne s’est pas imposĂ© comme un mouvement fĂ©dĂ©rateur qui indiquerait de maniĂšre incontournable le destin de la musique ; de nombreux courants ont marquĂ© des ruptures successives dans le sĂ©rialisme et ont donnĂ© Ă  la musique des orientations fort sein de l’avant-garde mĂȘme, des musiciens qu’on a dits post-modernes » sont apparus Ă  partir de 1970. Ils ne croyaient plus que les musiques modernes d’aujourd’hui seraient la musique universelle de demain ; ils n’ont pas craint de mĂ©langer les styles et les genres ; ils se sont souvent inspirĂ©s des musiques du passĂ©, de musiques extra-europĂ©ennes et parfois de musiques commercialisĂ©es. Les avatars du sĂ©rialisme ne couvrent Ă©videmment pas toute la musique contemporaine ; beaucoup de compositeurs ont continuĂ© sans trouble de conscience Ă  Ă©crire leur musique dans la tradition de l’écriture tonale et les musiques du passĂ© sont restĂ©es plus que jamais entendu, toutes les musiques – classiques et modernes – sont dĂ©fonctionnalisĂ©es. Ce ne sont pas seulement les musiques modernes qui sont d’accĂšs difficiles. En effet, pour comprendre Bach, Beethoven, Wagner ou Debussy, l’auditeur peut s’appuyer sur certaines constantes du systĂšme tonal Ă©tabli depuis le XVIIe et le XVIIIe siĂšcle, mais il doit aussi pouvoir distinguer dans toutes leurs variantes les schĂšmes formels et expressifs introduits au fil de l’histoire et, Ă  chaque Ɠuvre novatrice, il doit s’efforcer d’ajuster ses facultĂ©s de comprĂ©hension. Ces exigences font que toutes les musiques classiques sont Ă©litaires, elles ne touchent qu’un public minoritaire ; les musiques contemporaines, et parmi elles les musiques modernes, n’atteignent qu’une fraction rĂ©duite de ce public l’étude qu’il a consacrĂ©e Ă  la musique de Bach et Ă  sa comprĂ©hension, le philosophe et esthĂ©ticien Boris de Schloezer Ă©crit J’ose affirmer que dans une salle de concert, sur cent personnes, il n’y en a pas dix peut-ĂȘtre qui soient capables d’écouter rĂ©ellement la musique. Convaincu qu’il lui prĂȘte attention et s’en dĂ©lecte, l’auditeur gĂ©nĂ©ralement se contente de s’écouter ou plutĂŽt de s’abandonner Ă  une vague euphorie, Ă  la fois sentimentale et sensuelle, traversĂ©e d’émotions fugaces qui le surprennent lui-mĂȘme lorsque brusquement il lui arrive d’en prendre conscience et de reconnaĂźtre jusqu’oĂč l’art a entraĂźnĂ© ses rĂȘveries » 4.Pour Boris de Schloezer, le bon auditeur doit aussi s’investir intellectuellement dans l’écoute des musiques pour les saisir dans leur globalitĂ© et leur unitĂ©. Mais, il en est conscient, mĂȘme pour les musiques classiques cet idĂ©al n’est atteint qu’exceptionnellement. La comprĂ©hension d’une Ɠuvre moderne est plus ardue encore dans la mesure oĂč le langage et la forme refusent les stĂ©rĂ©otypes. Certes le temps du radicalisme intĂ©gral est passĂ©. Les compositeurs d’aujourd’hui s’efforcent dans leurs Ɠuvres de susciter l’attention de l’auditeur par des points d’ancrage qui crĂ©ent des alternances et des oppositions de divers types. Ils ont l’espoir que l’auditeur pourra ainsi, sans en prendre vĂ©ritablement conscience, percevoir les Ă©lĂ©ments d’une forme et donner un sens psychologique Ă  ce qu’il entend. Cet espoir leur donne une raison de crĂ©er et mĂȘme de vivre. Mais il faut le reconnaĂźtre, il n’est pas souvent satisfait.

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